Au début des années 1990, Cathy Gindre et son mari créent, pour le plaisir, un atelier de mosaïque : l’Atelier Opus Musaevum. Autodidactes passionnés, ils ont assimilé les différentes techniques de conceptions, réalisations et poses des mosaïques après une expérience enrichissante et formatrice dans des ateliers d’artistes anglais (Brighton, Loughton…) et par le biais de livres (notamment ceux de Giovanna Galli), de stages et d’expérimentation.
Mais depuis le 3 avril 2003, la passion l’emportant, Cathy Gindre a continué l’aventure en passant professionnel comme artiste plasticienne mosaïste, membre de la Maison des Artistes.
En quoi consiste votre métier ?
Nous réalisons sur commande des mosaïques originales, de la création du carton à la pose, tant sur des murs (emblemii, murales, frises) que sur des sols (pavements complets, incrustation dans dallages existants).
Une approche plus personnelle nous conduit aussi à réaliser des pièces uniques sous forme de « tableaux » principalement reprenant des thèmes chers à notre inspiration : les Tempéraments issus de notre passion pour les Arts Décos en Emaux de Briare, mais aussi plus contemporaine : bustes sculptés en marbre et smalti…
Selon vous, quelles sont les compétences nécessaires pour être mosaïste ?
Il faut avoir une solide technique basée à la fois sur l’apprentissage et la pratique tout en possédant une patte artistique. Savoir écouter et avoir une approche chaleureuse avec le client. Enfin une rigueur et une patience sans limite.
Pouvez-vous nous expliquer comment vous travailler ?
L’étude sur commande commence par une écoute et une transcription du souhait du client.
L’inspiration passe par une certaine symbiose entre le désir de projet du client, l’environnement de la future pièce et l’interprétation que notre imagination va apporter.
Nous travaillons en général sur des thèmes narratifs ou figuratifs, thèmes de prédilection.
Une ou plusieurs esquisses sont réalisées à la peinture (numérique) type aquarelle par mon mari qui possède une sérieuse référence en infographie et en dessin vectoriel.
Le choix du matériau dépend à la fois du budget du client mais aussi du type de rendu (brillant, mat), du choix de l’esprit artistique (antique, figuratif ou contemporain) ou de l’environnement de pose (intérieur / extérieur, murs ou sols).
Nous pouvons travailler les pâtes de verre (plutôt en intérieur), les smalti (pâtes de verre noble issues des écoles de verriers de Venise), les émaux de Briare (matériaux très polyvalents, nobles et précis pour les représentations figuratives) et aussi les marbres (le matériau par excellence pour la mosaïque traditionnelle). La liberté de création contemporaine permet même le mélange des matières et des genres !
Un carton sous logiciel vectoriel est crée ensuite puis imprimé à l’échelle 1.
Le travail commence alors selon la technique prévue lors de l’étude (méthode indirecte sur filet de verre ou sur papier Kraft, voire méthode directe). La fabrication, à ce stade, est la plupart du temps effectuée en atelier et peut nécessiter un bon nombre d’heures selon la résolution de travail (5 mm ou 10 mm de côté de chaque tesselle), la surface envisagée et les matériaux retenus (casse des marbres, découpes des smalti…).
La pose et la livraison de l’œuvre intervient sur le lieu final d’une durée de quelques jours en moyenne.
Nous revendiquons un statut d’artiste auteur plus qu’artisan et à ce titre nous garantissons l’unicité de l’œuvre pour chaque projet.
Quelle réalisation vous a demandé le plus de travail ?
Il s’agit d’une mosaïque murale de plus de 3m carrés représentant un tapis marin inspiré de thèmes romains antiques. Elle a nécessité plus de 3 mois de travail, de la conception à la pose finale.
Quelle clientèle avez-vous ?
Essentiellement des particuliers, même si nous répondons assez souvent à des appels d’offres d’instances territoriales ou de cabinets d’architectes.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait se lancer dans ce métier ?
Investir dans une solide formation à toutes les techniques de la mosaïque auprès de professionnels ou de maîtres reconnus. L’assimilation des techniques passent à la fois par un apprentissage des gestes et des techniques mais aussi par une expérience due à la pratique.
Si on envisage de créer un atelier professionnel, se donner un délai assez long (2 à 3 ans minimum) de retour d’investissement en cas de mise à son compte à temps plein; mais je préconise tout d’abord une pratique à temps partiel tout en gardant une activité salariée à côté (un mi-temps semble le « juste compromis »).
Ne pas hésiter à faire le tour de tous les statuts fiscaux et sociaux possibles en fonction du « montage de l’entreprise ».
Un petit mot pour conclure ?
Actuellement, mon énergie créatrice m’oriente sur des recherches personnelles d’œuvres en collages papier sur carton (pas si loin que cela de la mosaïque ?).
Mon mari quant à lui se passionne sur l’assimilation de la technique des mosaïques de galets et autres calades (la « pebble mosaic » outre manche) afin d’offrir un nouvel aspect de création à nos clients.
L’Atelier de Cathy GINDRE se situe à Saint Nazaire en Loire Atlantique (70 kilomètres de Nantes – France)