Après la présentation des oeuvres des années 1950 en 2006, puis de la production de 1920/1930 l’an dernier, la Manufacture nationale de Sèvres poursuit l’exploration de sa prestigieuse histoire en présentant, à l’automne 2008, une exposition consacrée à la production de la seconde moitié du XIXe siècle. Du 21 novembre 2008 au 22 février 2009.
Entre la longue et féconde administration d’Alexandre Brongniart (mort en 1847) et les transformations stylistiques radicales de
l’Art Nouveau, la production qui s’étend de 1848 à 1896, du Second Empire à la Deuxième République, reste encore méconnue et incomprise, malgré de récents travaux. Cette manifestation évoque sous des angles thématiques, les principaux aspects de cette riche production et met plus particulièrement l’accent sur la recherche technique et le renouvellement des décors qui en découle.
Le Second Empire, une période faste
La mort en 1852 du directeur de la Manufacture, Jacques Joseph Ebelmen, coïncide avec l’avènement de Napoléon III et la mise en place du nouveau régime impérial.
Le savant Victor Regnault est alors nommé à la tête de la Manufacture. Rattachée dans le même temps à la Liste Civile de l’Empereur, l’institution peut continuer d’utiliser ses méthodes artisanales, mener à bien des expériences techniques et artistiques et présenter des pièces remarquables lors des expositions universelles qui rythment la période.
Forte du soutien de l’Empereur, qui achète en grand nombre ses plus belles pièces pour son usage ou ses cadeaux, elle connaît alors une période particulièrement faste ; on y compte près de trois cents personnes, chiffre le plus élevé de toute son histoire.
On produit de nouveau de la porcelaine tendre ; on ouvre un atelier de faïence et de terre vernissée, un atelier d’émaux sur métal on met au point la technique de la pâte-sur-pâte ; le goût pour le motif isolé s’impose ; autant de pistes qui s’amorcent pour renouveler la production.
Ces initiatives sont sans doute encouragées par le regain d’intérêt pour les arts décoratifs du XVIIIe siècle et le goût personnel de l’impératrice Eugénie.
La plupart des pièces éditées alors en pâte tendre reprennent des formes issues des collections de la Manufacture, vases ou pièces de service. Les décors sont souvent des copies de tableaux anciens (Boucher, Fragonard ou Greuze, entre autres), ou des compositions dans le même esprit, dues à la nouvelle génération des peintres. Cependant, certains décorateurs cherchent déjà plus de modernité.
Dans tous les cas, ces productions – peu nombreuses au regard de la porcelaine dure – permettent à Sèvres de jouer un rôle important dans la redécouverte et la remise à l’honneur de techniques anciennes tombées en désuétude.
La Manufacture remplit ainsi l’un des rôles qui lui avaient été assignés, celui de venir en aide aux entreprises privées en menant des recherches longues et coûteuses dont elle communique généreusement les résultats.
Dès 1849, il est envisagé de déménager la Manufacture dont les premiers bâtiments à Sèvres étaient trop exigus. Les travaux traînent en longueur et, lors de l’inauguration officielle par le Maréchal de Mac-Mahon, le 17 novembre 1879, seuls quelques ateliers et le Musée sont prêts ; le transfert ne sera réellement terminé qu’en 1879.
La Troisième République et les inspirations nouvelles
Entre 1879 et 1891, la Manufacture se doit de fournir des pièces courantes et peu onéreuses destinées à servir de présents, lots ou trophées offerts par les divers services de l’Etat. Comme ces objets, souvent des vases, sont généreusement répandus, ce sont ceux que l’on a le plus l’occasion de rencontrer, ce qui fausse complètement l’image que l’on se fait de la production
de Sèvres. En réalité, ils ne représentent qu’une faible partie du travail et la moins inventive.
On note pourtant, à partir de 1879, des recherches stylistiques d’autant plus variées que le directeur des travaux d’art, Albert Carrier-Belleuse, semble avoir laissé beaucoup de liberté à ses décorateurs, tout en indiquant des principes généraux et en suggérant sans doute quelques procédés. Il utilise au mieux aussi bien des peintres anciens dans la maison qu’une
nouvelle génération d’artistes issus de l’école ouverte au sein de la Manufacture, sur la recommandation de son Conseil de perfectionnement, formés aux principes contemporains de la composition décorative.
Parmi les influences les plus sensibles, comme la Renaissance présente dans tout l’oeuvre de Carrier-Belleuse, on voit alors s’exercer à Sèvres, celles du Japon et de la Chine.
Grâce aux expositions universelles et à quelques marchands, les arts japonais sont de plus en plus connus et appréciés, donnant naissance à un courant décoratif nommé le Japonisme.
Des prêts importants, des pièces inédites dans cette exposition
Une large part des pièces, souvent inédites, de cette exposition sont issues des collections du Mobilier national, partenaire historique et privilégié de la Manufacture complétée du précieux concours d’institutions telles que le Musée des arts et métiers, les Arts décoratifs et le Musée national de céramique. Cet événement constitue une rare occasion de renouveler le regard sur des oeuvres alliant permanence et innovation.
Informations pratiques
Exposition ouverte du 21 novembre 2008 au 22 février 2009
(sauf le 25 décembre et le 1er janvier)
Galerie de la Manufacture à Sèvres
Aile gauche du Musée national de céramique
Place de la Manufacture, 92310 Sèvres (Métro : Pont de Sèvres)
Tous les jours, de 10 h à 17 h, sauf le mardi
Contact : +33 (0)1 46 29 22 10 / 22 00
Photo : Vase Rimini, 1865
Porcelaine dure, bronze doré
H. 1,18 m, L. 68 cm
Mobilier national (Inv. GML 919/1)